vendredi 13 novembre 2009

Le bain turc


de Jean Auguste Dominique Ingres, 1862.

J’ai choisi ce tableau parce qu'il a été l’inspiration pour la photographie de Man Ray «Violon d’Ingres» prise en 1924 à la modèle Kiki de Montparnasse, muse de beaucoup d’artistes des « années folles » à Paris. Kiki et Man Ray ont eu une relation pendant six années. Il a pris plusieurs photos de Kiki, mais cette image est devenue un symbole du Surréalisme, et c’était seulement un exemple du talent de cet artiste.

Ingres a peint « Le Bain Turc » en 1862 quand il avait 82 ans. Ce tableau érotique a été peint de mémoire, sans modèle. Il s’est inspiré des nombreux croquis et des tableaux réalisés au cours de sa vie. Alors on retrouve des figures d’autres tableaux, comme l'odalisque aux bras levés qui s'étire au premier plan: il s’agit de la femme de l'artiste - Madeleine Chapelle..

Cette œuvre présente une foule de femmes nues dans un harem. Ingres est marqué très tôt par le courant orientaliste, mais il n’a jamais voyagé en Afrique ni au Moyen-Orient. Il s’est inspiré dans le passage d’un livre de Lady Mary Montagu
« Lettes d’orient » qui disait : "Je crois qu'il y avait en tout deux cents filles…De belles femmes nues dans des poses diverses... les unes conversant, les autres à leur ouvrage, d'autres encore buvant du café ou dégustant un sorbet, et beaucoup étendues nonchalamment". Mais dans le harem d’Ingres les éléments orientaux sont rares : les instruments, les coussins, quelques parures et le plateau du thé. Les femmes à la peau blanche et aux cheveux blonds sont plus européennes qu'orientales.

La première chose qu’on voit quand on regarde ce tableau c'est le turban. Il y a un jeu d’illumination qui attire notre attention sur le turban de la femme au dos nu, ensuite on regarde tous ce qui l’entoure, c’est comme la clé qui ouvre la porte de cette scène intime et mystérieuse.

Il y a encore un jeu avec la perspective de la nature morte qui est au premier plan; le plateau du thé en miniature, qui donne aux femmes un caractère monumental, comme si elles étaient plus grandes que la réalité.

Le premier acheteur du tableau c’était un membre de la famille de Napoléon III, mais il le rendit au bout de quelques jours parce que sa femme le trouvait obscène. Ingres a du transformer le tableau de forme carré en ronde. Les jambes de la femme en bas à droite, jugées trop lascives ont disparu. En plus il a ajouté une femme qui se glisse dans la piscine pour garder la symétrie et la danseuse avec les castagnettes au fond qui semblait s'appuyer sur le bord du tableau maintenant est liée au groupe des femmes de l'arrière plan.

Le Musée du Louvre a refusé pour deux fois avoir ce tableau dans sa collection, mais finalement et grâce au don d’un mécène on peut l’admirer dans ce musée.
Mila Ruiz

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